vendredi 11 juillet 2014

La nuit du bal d'Hiver... Le chapitre de "Night School : Héritage" écrit du point de vue de Carter !

A l'occasion de la sortie prochaine du 3e opus de la saga, Night School : Rupture, le 10 octobre 2013 à la Collection R (Robert Laffont), je vous propose de découvrir tous les lundis, et ce pendant 6 semaines, une partie "bonus" du dernier volume, Night School : Héritage. 
C.J. Daugherty a en effet, à la demande de nombreux fans, rédigé un chapitre bien spécifique, revenant sur les faits s'étant déroulés le soir du bal d'Hiver à Cimmeria, mais du point de vue de Carter West...
Si vous avez achevé le 2e tome, vous savez combien les quiproquos étaient nombreux entre Allie et Carter ce fameux soir. 
Une certaine personne embrassa une certaine personne. C'est alors qu'une certaine personne embrassa une autre certaine personne !... Vous vous rappelez sans doute de quoi je parle.
Découvrez maintenant ce qui s'est réellement passé en ce qui concerne notre beau brun préféré !


"Où est passée cette fichue chaussure ? Putain de perte de temps..."

Marmonnant à lui-même, Carter s'accroupit, farfouillant dans le fond de sa garde-robe, envoyant valser ses chaussures de sport, ses bottes et une écharpe qu'il ne reconnu pas avant de se redresser une minute plus tard, une chaussure noire de soirée fermement en main. 

Sa veste de smoking était accrochée à l'arrière de la porte de la penderie, aussi noire que son humeur.

L'idée de se rendre au bal d'Hiver à l'instant même, étant donné tout ce qui s'était produit, semblait tout à fait absurde. Isabelle aurait dû l'annuler. 

La probabilité d'une quelconque attaque était trop élevée. Et après ce qui s'était passé au bal d'été...

Il soupira. La fête aurait lieu et il n'y avait aucun moyen de s'en dépêtrer.

Il s'habilla prestement, ajustant les boutons à ses poignets, revêtant la chemise blanche aux boutons de manchettes que Bob Ellison lui avait offerte lors de son seizième anniversaire. Façonnés en argent et pourvus d'une pierre de grenat à facettes en leur centre, ils avaient autrefois appartenu à son père. Mais cela faisait bien longtemps que Carter avait arrêté de se focaliser sur ces bouts de métal froids et de les considérer comme des reliques le rattachant à ses parents décédés. Il n'y avait là rien à voir.

Il ne s'agissait que de boutons de manchettes.

Il se tint face au miroir, attachant son nœud de cravate avec une incroyable dextérité. Pendant un instant, il étudia son reflet, remarquant l'irritation que dégageaient ses yeux sombres. Le nœud aussi serré que sa mâchoire crispée. 

Il serra et desserra les poings, essayant de se forcer à se calmer. 

Il était près de neuf heures. Il avait retardé ce moment autant qu'il le pouvait. 

***

Le rez-de-chaussée était rempli d'étrangères parées de robes élégantes, et Carter eut peine à se frayer un chemin dans la foule, affichant un sourire forcé. 

Un rire familier surplomba les autres et il vit Julie, émergeant de la mêlée. 

"Carter est coincé ! Je m'en vais le sauver," annonça-t-elle, attrapant sa main et le traînant jusqu'où elle parlait avec Katie et d'autres de ses viles acolytes. 

Katie ébaucha un sourire ennuyé en sa direction. Elle avait l'air aussi blanche que du lait dans une robe vert sombre qui moulait sa silhouette. Mais il la regarda à peine. Car Julie était sublime. 
Sa robe de soie noire glissait le long de son corps telle de l'eau sombre. Une fente partant de sa cheville et remontant jusqu'à sa cuisse dévoilait une jambe musclée. Ses cheveux blonds et lisses essuyant à peine ses épaules nues. 

"Mince, Julie. Tu es resplendissante." dit-il, essayant de ne pas la fixer. 

Elle sourit. "Tu n'es pas mal non plus, Carter."

Ses mots tremblaient légèrement. Il pouvait sentir le vin à travers son haleine. 

Ses lèvres se retroussèrent. "Comment, Mlle Matheson. Avez-vous bu ?"

"Uniquement du champagne." cligna-t-elle. "Ça ne compte-pas... Non ?"

"Pas si j'en prends aussi." Il attrapa deux coupes sur le plateau d'un serveur qui passait par là, harcelé de toute part, et lui en tendit une. "Si nous devons être présent ici, que l'on puisse au moins être saouls."

"Indisposés serait un terme plus approprié." Katie avala une gorgée de son verre et lança des regards à d'élégants couples d'adultes autour d'eux. "Saouls est réservé aux gens plus ordinaires."

"Et nous ne sommes pas ordinaires..." ajouta son amie Ismay, s'infiltrant auprès d'elle. 

Reconnaissant que le couple que Katie observait n'était autre que les parents de Sylvain, Carter lui lança un regard irrité. Julie ne rata pas son expression.

"Et si nous dansions ?" Elle pencha la tête d'un côté, comme si elle allait envisager cette possibilité. Elle fit son choix. "Oui, allons-y."

Avant même d'attendre sa réponse, elle le traîna au bord de la piste de danse bondée. 
Carter, qui ne souhaitait pas danser mais ne voulait pas non plus parler à Katie, souleva sa coupe de champagne, et en vida son contenu. Julie fit de même.

Posant leurs verres sur une table toute proche, Carter se retourna vers elle, prenant sa main dans la sienne, et posant son autre main sur sa taille. Il remarqua qu'elle était bien plus musclée qu'Allie. Et plus grande. Il grimaça. Il devait réellement arrêter de les comparer. Pressant sa bouche d'un air déterminé, il l'attira fermement vers lui. Ils tourbillonnèrent au sein de la foule. 

Ils se connaissaient depuis qu'ils avaient onze ans. Ils avaient appris à combattre ensemble. A danser ensemble. Et cela se voyait. Julie semblait anticiper tous ses mouvements. Elle le laissa guider sans le questionner ou lui demander son reste. Ne l'ayant jamais fait, il avait imaginé que danser avec Allie serait très différent. 
Elle ne laissait jamais personne la diriger. 
Il remit de l'ordre dans ses pensées : Je dois arrêter de penser à elle.

Alors qu'ils virevoltaient le long de la piste de façon parfaitement synchronisée, il la rapprocha plus près de lui, posant sa main contre le bas de son dos. Il pouvait sentir ses muscles bouger sous ses doigts. Elle remuait avec une virtuosité renversante. 

Elle soutint son regard comme si elle l'encourageait à ne penser qu'à elle. Sa façon de bouger son corps contre le sien rendit difficile le simple fait de penser à autre chose. 

Carter déglutit avec difficulté. Il n'avait jamais regardé Julie autrement que comme une amie. Ce soir, cependant, tout semblait différent. Elle apparaissait différente. 

Elle flirtait ouvertement avec lui, premièrement.

Lorsque la chanson s'acheva, elle approcha ses lèvres de son oreille. "Allons chercher plus de champagne."
Ses mots semblèrent courir depuis sa tête tout le long de sa colonne vertébrale.
Il baissa son regard dans ses yeux d'un bleu sombre. Peut-être parviendrait-il à oublier Allie. 

***

Elle l'entraîna au bord de la piste de danse, faisant signe à un serveur portant un plateau plein de coupes de champagne. En saisissant deux, elle en tendit une à Carter. 

Carter savait qu'il devrait s'abstenir mais la boisson fraîche et pétillante était la bienvenue. La pièce était pleine à craquer. Surchauffée.

Julie prit une pleine gorgée et lui fit face. Elle se tenait très près et sa poitrine effleurait son bras. L'espace d'une seconde, il se demanda si elle l'avait fait exprès. 

"Je suis tellement heureuse de ne pas avoir à porter de veste comme les garçons." Sa voix était enrouée. "Il doit faire si chaud."

Inexplicablement, sa coupe de champagne était à nouveau vide. Quand cela s'est-il produit ? 

Sa main, de son plein gré, glissa le long du bras nu de Julie. Sa peau était aussi soyeuse que sa robe. Lorsqu'il atteint son poignet, il la tira vers lui. 

Est-ce une bonne idée ? Mais la voix de la raison allait et venait. 
Ses lèvres étaient si proches à présent. Son corps se pressait contre le sien. Il pouvait sentir sa respiration saccadée. Son pouls qui s'accélérait. Elle le désirait tout autant que lui la voulait. Et pourquoi ne pourraient-ils pas se posséder l'un l'autre ? Devrait-il rester seul pour toujours juste parce qu'Allie n'était pas parvenue à faire fonctionner leur relation ? Parce qu'elle désirait quelqu'un d'autre ?
Parce qu'elle désirait Sylvain ?
Non

"Carter..." murmura Julie.
"Quoi ?" Sa gorge était nouée ; ce mot sorti en une expiration. 
Les gens les bousculaient sur leur passage vers et hors de la piste de danse, sans qu'ils ne s'en rendent compte. 
"Vas-tu te décider à m'embrasser ?" demanda-t-elle.
Il sourit. Et pencha ses lèvres vers elle. 

Dans un premier temps, il remarqua uniquement combien ce baiser avec elle était différent d'avec Allie. Elle sentait différemment, un parfum de roses fraîches, contrairement au chèvrefeuille et aux senteurs épices. Son corps paraissait différent. Mais c'était plus que ça. Ses baisers avaient plus d'assurance. Allie était toujours hésitante, curieuse, comme si elle apprenait encore comment s'y prendre. 
Julie, d'un autre côté, était pleine de confiance. Ses lèvres s'entrouvrirent instantanément, se lançant dans son exploration. Sa langue se mêla à la sienne. Ses mains glissèrent sous sa veste et coururent le long de son dos, le pressant plus fort contre elle. 

Les choses allèrent plus vite avec Julie. Devinrent incontrôlables bien plus vite. Et, un instant plus tard, il s'écarta, riant à moitié. 
"Hey, on devrait peut-être se calmer un peu. Les parents."
Ses lèvres se recourbèrent. "Je connais un endroit où nous pouvons aller et où il n'y aura aucun parents". 
Il soutint son sourire. "Où ça ?"
"Ma chambre."

Le bruit de la foule sembla disparaître. Les battements de cœur de Carter s'accélérèrent. Il ne souhaitait rien de plus à ce moment même que de poursuivre ce baiser. Mais il savait pertinemment que si cela se produisait, s'il se rendait dans sa chambre et qu'ils continuaient ce qu'ils avaient commencés au bord de la piste de danse, leur amitié changerait à tout jamais.

Il hésita. "Je ne sais pas..."
Son visage se décomposa.
D'une caresse délicate, il dégagea une mèche de ses cheveux blonds devant ses yeux. "Es-tu sûre à propos de ça, Julie ? Nous avons toujours été de bons amis..."

Elle inspira de façon saccadée. Lorsqu'elle parla, ses mots sortirent en accéléré. "J'en suis certaine, Carter. J'en suis sûre depuis très longtemps. Je n'ai juste jamais su comment te le dire. Puis tu t'es mis avec Allie et j'ai pensé..."

Son visage s'assombrit. Tu as pensé que cela serait pour toujours. Et bien, moi de même. Et regarde combien on avait tord

Il fit son choix. Il déposa un léger baiser sur le côté de son visage.

"Allons-y."

***

Julie sourit et prit instantanément les commandes des opérations. "Je vais monter maintenant. Tu attends cinq minutes et tu me suis. Il serait malvenu qu’on nous voit monter les escaliers ensemble. Ils ne nous remarqueront pas séparément."

Les garçons n’étaient pas admis dans le dortoir des filles mais Julie était parfaite. Elle savait comment s’accommoder des Règles mieux que personne.

Une fois qu’elle eut disparu dans la foule, Carter attrapa une autre coupe de Champagne et erra autour de la pièce. Ces cinq minutes semblaient prendre une éternité à s’écouler. 
Maintenant qu’il avait fait son choix, il voulait y être. Avec elle. Tout près. Sylvain avait rejoint ses parents ; le regard de Carter les traversa pour se poser sur la piste de danse. Pendant qu’il regardait, Jo tournoya dans une robe très courte argentée et sexy que seule elle pouvait assumer de porter. Elle avait teint ses cheveux en un rose flashy. Le simple fait de la regarder fit sourire Carter. Jo était comme un rayon de soleil humain. Il devrait se rappeler de lui dire combien elle avait l’air cool. 
Allie n’était nulle part, et il en était soulagé. 
Peut-être n’était-elle pas venue. Il savait qu’elle avait tenté de convaincre Isabelle d’annuler cet événement. 

Se retournant, il chancela légèrement, trébuchant contre une chaise avant de se rattraper. Il commençait à se sentir étourdit ; il n’avait rien mangé depuis le déjeuner et avait pris… combien de coupes de Champagne ?
Il avait besoin de nourriture. 
Non sans effort, il se fraya un chemin à travers la foule jusqu’à l’espace réservé aux tables garnies de mets. Sans même réellement regarder ce qu’il choisissait, il remplit une assiette de hors d’œuvres. 
S’appuyant contre un mur, il mangea rapidement, regardant les gens danser depuis une distance raisonnable. 

Il avait fait partie de Cimmeria toute sa vie ; il s’était caché au sommet des escaliers étant petit pour observer la sublime réception plus bas ; mais n’avait jamais eu le sentiment de faire partie d’événements comme ceux-ci. Sans aucun parent pour l’accompagner, aucune accroche à ces gens en dehors de Cimmeria elle-même, il était tout à la fois un membre de cette communauté et rien de tout cela.
Quand il eut fini, il posa son assiette vide sur le plateau d’un serveur et regarda sa montre. Il était l’heure d’y aller. 
Une mèche de cheveux tomba en avant et il la ramena en arrière tout en se redressant. 
C’est alors qu’il la vu.
Dans une robe bleu sombre qui épousait parfaitement ses formes, Allie se déplaçait lentement à travers la foule telle une starlette inconsolable. Ses cheveux tombaient en vagues rouge vif le long de son dos. Elle se tenait là comme un signe d’avertissement. 
Le cœur de Carter sembla s’arrêter. Il l’observa, captivé. 
Jo et elle devaient avoir teint leurs cheveux ensemble, réalisa-t-il alors.
Mais tandis que Jo paraissait écervelée, sous ces boucles colorées, le visage d’Allie semblait pâle, triste.
Il combattit une puissante envie d’aller vers elle, de découvrir ce qui n’allait pas. D’arranger ça. 
Il n’était plus de son ressort de régler quoi que ce soit pour elle désormais. Julie attendait…

***

Alors qu’Allie l’approchait, il ne bougea cependant pas. Il aurait pu disparaître sans qu’elle ne l’aperçoive. Mais il se tint là. 
Il se sentait malgré tout toujours attiré vers elle. Quelque chose les reliait. Elle était la seule personne qu’il connaissait ici et qui lui ressemblait, un étranger. La seule personne qui le comprenait vraiment. Même s’il était toujours énervé et blessé… Cela lui manquait de ne plus l’avoir dans sa vie. 

Elle était si proche à présent qu’il pouvait presque la toucher mais elle ne l’avait pas encore remarqué. Tel un fantôme, il l’observa discrètement pendant qu’elle se servait un petit four au crabe, l’étudiant et le portant à sa bouche avec précaution.
Quelque chose dans la façon dont elle le fit, son innocence, le décida. 
Il se dirigea vers elle. Il l’avait presque rejointe quand elle se retourna brusquement, le percutant de plein fouet. 
"Je suis dés…" dirent-ils en chœur, et elle réalisa alors qui elle avait embouti. Ses mots s’évanouirent sur ses lèvres alors qu’il rencontra son regard furieux. 
"Allie…" était le seul mot que ses lèvres daignèrent articuler. 
Il ne parvenait plus à parler. A réfléchir. 
Leurs yeux se figèrent. Le rouge monta à ses joues pâles. Elle parut horrifiée. Pendant un moment qui parut s’étirer indéfiniment, aucun d’entre eux ne dit mot. Finalement, Carter entrouvrit la bouche afin de lui dire combien elle était jolie. Elle se retourna subitement, comme si elle souhaitait s’échapper. Comme si elle ne pouvait pas supporter ne serait-ce que de le regarder

Le désespoir lui glaça le sang. Comment étaient-ils parvenus à tout détruire entre eux ?
Sans autre mot, il s’enfuit, laissant la foule se regrouper derrière lui. 
Il devait cesser de se leurrer en pensant que quoi que ce soit pouvait être recréé entre eux. Qu’ils pourraient à nouveau être ensemble. 
Il devait la laisser s’en aller. 
Fendant la foule, il gravit les escaliers quatre à quatre. 
Mais alors qu’il toqua à la porte de Julie quelques secondes plus tard, sa main trembla. Il serra le poing. 

Julie ouvrit aussitôt la porte. "Mauvaises nouvelles," dit-elle. "On ne peut pas rester longtemps. Isabelle veut me voir en bas pour les discours. On a dix minutes."
Elle l’attrapa alors par les poignets et le tira dans la chambre. 
Carter sourit presque. Julie était si désinvolte. Tellement sûre de ce qu’elle voulait. Peut-être était-ce ce dont il avait à présent besoin dans sa vie. Quelque chose de pas compliqué. 
Quelqu’un de pas compliqué.

Il ferma la porte, s’adossant contre elle tout en regardant autour de lui. 
Sa chambre était soignée et sentait la douce odeur de son parfum. Un mur soutenait le poster encadré un vieil homme tenant une guitare entièrement peinte de teintes de bleu. Un doux tapis blanc recouvrait le sol. Les étagères étaient remplies de photos, de livres et de bibelots. Il se sentait à l’aise. 
Elle avait enroulé une écharpe autour de la lampe de chevet, conférant à la pièce une lueur éthérée. L’écharpe ondulait avec la brise qui pénétrait par la fenêtre ouverte. L’air glacé faisait du bien, rafraîchissant la transpiration sur sa peau. 
Il lui apparu qu’il faisait suffisamment froid pour qu’il neige. 

Elle fit un pas dans sa direction. Sa peau luisait dans la lumière. 

***

"Ecoute Julie…" balbutia-t-il, elle le regarda alors d’un air préoccupé. 
"Quel est le problème ? Est-ce que quelque-chose s’est produit ?"
"Je pense juste…" Il chercha sa main, glissant ses doigts entre les siens. "On doit faire attention. Tu comptes pour moi. Et je ne pourrais pas supporter de te perdre. Après Allie, j’ai bien peur que…" Il secoua la tête et le dit tout simplement. "J’ai peur."

"Chhhut."
Se redressant, elle posa la paume de sa main contre son visage. Ses yeux se fermèrent alors qu’il s’inclina à son contact. 
Il avait été tellement seul pendant si longtemps que cela le faisait souffrir de ne plus l’être.
"Ecoute-moi, Carter West," dit-elle avec une douce détermination. "Tu ne me perdras jamais. Quoi qu’il se passe ce soir ou demain, ou tous les lendemains suivant, je serai toujours là pour toi. Est-ce que tu me comprends ? Toujours."

Alors qu’elle prononçait les mots qu’il avait toujours souhaité qu’Allie lui dise, ses yeux se rouvrirent. Il ne vit rien d’autre dans son regard bleu sombre que de l’amour et de l’honnêteté. 
Il souhaitait tant croire qu’elle avait raison. Peut-être que tout ce temps, il cherchait au mauvais endroit. Cherchant à ce que quelque-chose se produise avec Allie alors que Julie était juste là. A l’attendre.

"Julie…" Avec un soupir de reddition, il pencha ses lèvres vers elle. 

***

Vingt minutes plus tard, Carter et Julie redescendirent le long d’un petit escalier secondaire jusqu’au rez-de-chaussée, main dans la main. Il pouvait encore sentir ses lèvres contre les siennes. Sentir son parfum sur ses vêtements. Ils se mouvaient avec une synchronisation aisée. 

Il se sentait heureux pour la première fois depuis des semaines. Ses pensées étaient claires, dissipées de la brume qui les avaient envahies depuis que lui et Allie avaient rompu. Il se sentait concentré. Vivant. 

Alors qu’ils s’approchaient du grand hall, Carter remarqua que la foule semblait avoir diminué. Julie regarda aux alentours avec un froncement de sourcils perplexe. 
"J’espère qu’on n’a pas manqué les discours." Elle lâcha sa main et accéléra son rythme. "Isabelle va me tuer."

Avant qu’il puisse répondre, ils entendirent tous les deux des bruits de pas. Un étudiant des Nocturnes les croisa en toute hâte, desserrant sa cravate tout en courant. Il se dirigeait vers l’escalier menant à la cave. 

Quelqu’un appela leurs noms. 
Tout semblait se mouvoir au ralenti alors qu’ils se retournaient simultanément. Zelazny courait le long du vaste hall en leur direction. 
"Salle d’entraînement numéro Un", dit le professeur sans ralentir le rythme. "Maintenant."
Carter et Julie échangèrent un regard tendu. 
"Je suppose que la fête est finie," dit-elle.

Ils se mirent à courir.

[Traduction : Night School France]

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