Je n’ai jamais tué qui que ce soit que j’aimais vraiment jusqu’à ce long et froid hiver passé à écrire mon second roman.
J’avais déjà tué précédemment, bien sûr. Dans Night School, j’ai tué une personne. Une fille. Un personnage secondaire. Quelqu’un qui n’était pas super gentil envers mon personnage principal. Ou pas très intéressant.
C’était perturbant autant que les crimes peuvent toujours l’être, mais soyons honnêtes. Personne ne regrette Ruth. Je n’ai jamais reçu de message d’un lecteur demandant pourquoi je l’avais tuée.
Dans Night School : Héritage cependant, les choses étaient différentes. C’était comme si je prenais goût au meurtre et que je ne pouvais pas m’arrêter.
Ok, pas réellement. Même si cela à l’air très dramatique et que j’espèrerais presque que cela soit le cas. En réalité, je n’ai jamais souhaité tuer à nouveau.
Tu ne tueras point.
Dans ce second opus, j’avais toujours prévu de terminer sur un personnage important, aimé de tous, se faisant attaquer et presque tuer. Grand drame et suspense. Mais il/elle aurait survécu et nos cœurs auraient été réchauffés par cette nouvelle à la toute fin de l’histoire. Ce fut comme cela que je l’avais écrite.
Mon époux a lu le premier jet et a griffonné une note sur la page : Personnage X, disait-il, « doit mourir ».
[Note : pour éviter les spoilers, je ne nommerai pas le défunt]

C’est alors que mon éditeur a lu le même jet. Sa note était inscrite avec application dans les marges du manuscrit, surlignée en jaune.
J’ai lu : « Tu dois tuer » Personnage X.
En temps normal, je ne suis pas une personne à ignorer les consensus mais, dans ce cas, j’ai protesté. J’aimais ce personnage, ai-je expliqué. Il/elle était essentiel pour le bonheur futur de mon personnage principal. Ce n’était pas juste pour aucun d’entre eux de faire ça.
« Essaie juste » m’a dit mon éditeur. « Tu verras ce que tu en penses alors. »
Conspiration meurtrière.
Afin de ne pas paraître un auteur « difficile », je me suis exécutée. J’ai réécris la même scène, seulement cette fois, mon personnage adoré n’y survivait pas.
J’ai détesté d’avoir à faire ça. J’ai même pleuré tout en l’écrivant. Je me jurais que je lui rendrais la vie – le/la gardant en vie.
Le seul problème était que… Cela fonctionnait.
Le livre était beaucoup plus excitant à présent. Plus exaltant. Les enjeux étaient bien plus élevés. Les pertes étaient plus grandes. La peine, plus profonde.
Et donc, pour mon plus grand malheur, le personnage resta mort.
Contrecoup.
Lorsque le livre est paru, ma boîte mail et mon flux Twitter furent saturés de messages blessés de fans demandant comment j’avais pu faire ça à ce personnage qu’ils aimaient tous. Comment avais-je pu être si cruelle ?
On me posait une question encore et encore : « Pourquoi ? »
Il m’était impossible de donner une réponse satisfaisante. La fiction n’est pas juste, tout comme la vie.
Pourquoi est ce que des choses tournent horriblement mal ? Pourquoi est-ce que quiconque doit mourir ?
Ma réponse était toujours « Je ne voulais pas qu’il/elle meure non plus. »
Mais personne ne se sentait mieux après cela.
Revanche.
Si cela peut vous réconforter, le personnage décédé demandait vengeance.
Ecrire le troisième livre de la saga sans lui/elle était beaucoup plus dur. J’ai réellement bataillé. Il s’est avéré que cette voix désormais silencieuse était décisive pour le rythme que prenait la série. Cela avait ranimé les scènes les plus calmes. Cela avait rendu les livres plus vivants.
Sans cela, j’aurais du chercher ailleurs pour de la légèreté et de la gaieté, et cela n’était pas chose facile à faire.
Je l’ai découvert à la fin, mais cela m’a pris des mois de sueur et de sang.
Chaque crime a son prix à payer. Aucun meurtre ne devrait demeurer impuni.
Ainsi, tuez vos chouchous, oui. Mais craignez les conséquences.
C.J. Daugherty
[Article en VO ici
Traduction : Night School France]
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